Électricité à prix négatif : la France bat un record en 2025

Panneaux solaires au coucher du soleil avec des pièces de monnaie posées dessus, symbolisant la valeur économique de l'énergie solaire en France
Symbolique de l’électricité renouvelable : énergie solaire et enjeux économiques

En 2025, la France connaît un phénomène aussi surprenant qu’inquiétant : de plus en plus d’heures où l’électricité affiche un prix… négatif. Autrement dit, certaines périodes voient les producteurs payer pour que leur énergie soit consommée.
A peine au mois de juillet, le pays a déjà dépassé son record annuel de 2024, avec plus de 360 heures de prix négatifs enregistrées sur le marché de gros. Derrière cette situation se cache un déséquilibre profond entre la production et la consommation d’électricité, notamment causé par l’essor des énergies renouvelables.
Mais si cette électricité semble “gratuite”, ce n’est pas nécessairement une bonne nouvelle. Ce phénomène révèle des fragilités structurelles du système électrique français – et il pourrait coûter cher à long terme.
Dans cet article, on décrypte les causes de cette situation inédite, ses impacts sur le marché, et les solutions envisagées pour éviter que le problème ne s’aggrave.

Lorsque le prix du MWh descend sous zéro, ce n’est pas une promotion : cela veut dire que les producteurs paient pour déverser leur excédent sur le réseau. Ce phénomène, appelé prix négatif
, se produit surtout lorsque la production dépasse largement la consommation, et que les opérateurs préfèrent payer plutôt que d’arrêter des centrales énergivores à redémarrer.

Ce déséquilibre est accentué par la montée en puissance des énergies renouvelables, notamment solaire et éolien. Grâce aux obligations d’achat garanties
, les producteurs sont incités à injecter leur énergie, même lorsqu’un autre fournisseur serait prêt à payer pour que le réseau s’équilibre. Cette absence de signal pour freiner la production crée le paradoxe des prix négatifs, illustré par des économistes comme une conséquence inattendue de la transition énergétique.

Ce phénomène a des conséquences profondes : les centrales thermiques ou nucléaires voient leur rentabilité mise à mal, car elles sont contraintes de s’arrêter ou fonctionner à perte. En parallèle, il met en lumière la nécessité d’investir dans des solutions de flexibilité
: stockage par batteries, pompage-turbinage ou effacement de consommation pour mieux surfer sur ces périodes.

💡 “Cette situation révèle une faille dans la tarification : les renouvelables subventionnées poussent les prix vers le négatif. ”

— Source à confirmer

Chiffres records 2025 & impacts économiques majeurs

Record de mai 2025

En mai 2025, la France a connu un record historique en termes de journées à prix négatifs ou nuls : elles représentaient 90 % des jours du mois, soit seulement 3 jours sans minimum nul. Le prix moyen mensuel est tombé à 19 €/MWh, un niveau jamais vu depuis le confinement de 2020.

Dans la même période, le prix a varié de −13 €/MWh à +69 €/MWh, avec deux pics particulièrement bas, dont l’un à −118 €/MWh le 1er mai à 14h, le second plus bas jamais enregistré.

Graphique jours à prix négatif ou nul en France – mai 2025
En mai 2025, la majorité des journées ont affiché des prix nuls ou négatifs de l’électricité (Source : PV Magazine).

Volatilité & répartition horaire

La volatilité des prix reste extrême : depuis début 2025, l’écart moyen entre les prix les plus bas et les plus hauts atteint 95 €/MWh([StrategicEnergy]…) Les prix négatifs prédominent surtout entre 11 h et 17 h, tandis que des hausses spectaculaires se manifestent en soirée autour de 21 h–23 h.

Conséquences économiques

Pour les producteurs et distributeurs, la situation est préoccupante : la CRE a enregistré 359 h de prix négatifs au deuxième trimestre 2025, soit plus de 4 % du temps total, soit un coût estimé à près de 80 millions € de pertes pour les énergéticiens non subventionnés.

Toutefois, la France a pu atténuer cet impact via ses exportations massives: en 2024, RTE a valorisé un record de 5 milliards € d’exportations, exportant même durant certaines heures négatives

Enjeux pour les consommateurs & industries

Impact sur les consommateurs

Les prix négatifs de l’électricité, s’ils peuvent sembler bénéfiques, présentent un paradoxe pour les consommateurs : bien que le coût moyen sur le marché spot baisse, les tarifs réglementés (TURPE, taxes) ne suivent pas immédiatement, ce qui peut désavantager le consommateur final. De plus, les abonnements en heures creuses/pleines restent mal calibrés pour profiter pleinement de ces périodes de surplus. Un rapport de l’UFC‑Que Choisir pointe que 84 % des foyers en 2023 consacraient une part importante de leur budget à l’énergie, sans pour autant bénéficier des baisses observées sur le marché.

Pression sur les PME et industries électro‑intensives

Les PME et industries électro‑intensives sont particulièrement impactées : la facture énergétique y représente jusqu’à un tiers du coût de production. Selon une étude de GetApp, 68 % des PME anticipent déjà des hausses de prix répercutées sur leurs clients, et 23 % craignent une fermeture si les prix ne baissent pas.

À un autre niveau, les grandes industries (sidérurgie, chimie, aéronautique) subissent une pression sur la compétitivité : le coût de l’électricité en Europe peut être jusqu’à 5x supérieur à celui des États‑Unis. Michelin ou Safran ont déjà ajusté leurs stratégies d’implantation en réponse.

Impact industriel des prix de l’énergie – Storio 2025

Réponses politiques & adaptation

Face à ces enjeux, les pouvoirs publics envisagent plusieurs leviers :

  • Révision des tarifs réglementés (Arenh) pour mieux refléter les prix de marché.

  • Soutien à la flexibilité de la demande , en déplaçant la consommation vers les heures creuses/négatives.

  • Subventions ciblées pour aider les ménages modestes et maintenir l’équité sociale. Un rapport de la CRE propose par exemple d’introduire des créneaux “super creux” pour encourager l’usage lors des pics de production solaire.

Recommandations, pièges à éviter & conseils pratiques

Bonnes pratiques à adopter

Pour les ménages et entreprises, certaines actions concrètes permettent de tirer parti des prix négatifs :

  • Activer ou souscrire à une option heures creuses/négatives, pour ajuster l’usage (ex. lave-linge, véhicule électrique) sur les créneaux les moins chers.

  • Utiliser un système de suivi des prix spot, via des applications comme Voltaware ou Enedis, pour démarrer la machine ou charger un véhicule au bon moment.

  • Investir dans des solutions de stockage domestique (batterie domestique) pour stocker pendant les périodes très basses et utiliser ou revendre plus tard au moment des prix plus élevés.

Pièges à éviter

Attention toutefois à ces erreurs fréquentes :

  • Se baser uniquement sur l’évolution des prix spot sans prendre en compte les frais fixes et taxes dans la facture finale.

  • Sous-estimer les coûts d’un système de stockage : il faut évaluer la durée de vie de la batterie, rendement, coût initial, et le temps de retour sur investissement.

  • Négliger l’impact sur le réseau local : certaines communes peuvent restreindre les systèmes trop puissants pour des raisons de stabilité.

Conseils pour entreprises industrielles

Les industries électro-intensives peuvent aller plus loin : intégrer des contrats de flexibilité avec les fournisseurs, participer à des marchés de capacité, ou encore explorer des solutions de réponse à la demande (effacement) pour valoriser les creux plutôt que les subir. Des entreprises comme Google ou Solvay ont déjà mis en place ce type de stratégies en Europe, générant des économies visant jusqu’à 10 % sur leur facture énergétique annuelle.

Conclusion – Vers une nouvelle ère énergétique, instable mais prometteuse

L’effondrement du prix de l’électricité jusqu’à des valeurs négatives en France en 2025 n’est pas un simple accident de marché. Il incarne les paradoxes de la transition énergétique actuelle : entre excès de production renouvelable, rigidité des infrastructures et manque de flexibilité de la demande.

Mais plutôt qu’une fatalité, cette situation offre une opportunité. Pour les consommateurs avertis, c’est l’occasion de réorganiser leur consommation ; pour les entreprises, d’investir dans des outils de pilotage énergétique ; pour l’État, d’adapter les règles du marché à cette nouvelle réalité intermittente.

Il est crucial d’accompagner ces mutations par :

  • des investissements dans le stockage et la flexibilité,
  • des signaux prix adaptés,
  • une information claire pour les usagers.

💬 Que vous soyez particulier ou professionnel : comment percevez-vous cette mutation du marché de l’électricité ? Seriez-vous prêt à adapter votre consommation pour bénéficier de ces périodes à prix négatif ?

📢 Appel à l’action

  • ✉️ Laissez-nous un commentaire ci-dessous.
  • 📤 Partagez cet article si vous pensez qu’il peut aider d’autres à comprendre les défis énergétiques à venir.
  • 📰 Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir nos prochaines analyses du marché de l’énergie.

❓ FAQ – Questions fréquentes sur l’électricité à prix négatif

La majorité des particuliers ne voient pas directement de factures négatives, car ils sont sous contrat à prix fixe. Cependant, certains fournisseurs d’électricité proposent des offres indexées sur le marché spot, ce qui peut permettre de bénéficier indirectement de ces creux tarifaires.

Le stockage massif reste limité par des technologies coûteuses (batteries, stations de pompage) et des rendements énergétiques encore imparfaits. Les investissements dans ces solutions sont en cours, mais ils ne suffisent pas encore à absorber les excédents de production.

Avec l’augmentation des énergies renouvelables intermittentes et l’évolution lente des infrastructures de flexibilité, les épisodes de prix négatifs risquent de se multiplier, surtout lors des week-ends ou jours fériés à forte production solaire et faible consommation.

Adopter une consommation plus flexible, investir dans des appareils programmables (ex. lave-linge, voiture électrique), suivre les prix via une application (ex. Enedis, Epex Spot) ou choisir un fournisseur proposant des tarifs dynamiques sont de bons points de départ.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *